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         " la définition de la beauté est une sorte d'intimité dans le visuel "  
Louise Bourgeois
 
 
Tout d'abord, c'est la conception de l'espace Aragon donnée par Sonia Serrano qui retient le regard. Rythmé par les panneaux blancs (où sont suspendues des peintures), scandé par des broderies flottantes aux motifs répétés telles des constellations multicolores, il apparait, infini, infiniment grand. En cheminant dans cet espace, le va et vient entre les toiles peintes et les toiles suspendues le rend plus proche, plus sensible.
Dans les peintures de Sonia Serrano, la densité des réseaux superposés (de la carte topographique aux résilles de dentelles), l'action dynamique de la couleur laissant deviner l'amplitude du geste, déroulent pour chacun un monde nouveau...
Comme " l'air du chant " des fandangos raconte une part d'histoire de vie par un rythme à chaque fois différent, le rythme des toiles de Sonia exprime tour à tour macrocosme ou microcosme par un jeu de plans volontairement en déséquilibre et une palette de couleurs toute éclatante de lumières rendant perceptible le mouvement parcourant le tableau.
La forme de la peinture franchit ses propres limites avec les toiles d'araignées suspendues (fabriquées avec des sacs plastiques multicolores métamorphosés par la broderie), métaphore du fil de la vie, de l'éternel recommencement. Ce champ infini de rythmes répétitifs devient alors pour le spectateur lieu anthropocentrique, centrifuge ou centripète où l'on cherche refuge.
Les œuvres de Sonia Serrano exposées à l'Espace Aragon sont toutes matière : matière plastique ordinaire devenant fils de vie tendus dans l'espace, matière picturale enchevêtrée de trames et de lumière elles deviennent matières à voir, matrices d'une perception renouvelée du monde.
 
 
Martine Rey
Artiste plasticienne, maître laqueur

 

 

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